LIGNES ... ET DESTINS CROISÉS.
Que d'histoires, que d'anecdotes à raconter depuis les débuts fracassants du CdB ! En cette période de fin d’année, afin de conclure, je vais tenter d'en conter quelques unes.
Pêle-mêle, de mémoire je reviens sur ces gendarmes dont j'ai contrôlé le sourire sur le quai de la ligne n°5, gare du Nord.
C’était en avril dernier, une grande première pour moi : Je me dis "J'y vais, j'y vais pas ? Après tout qu'est ce que je risque ???" Je me revois encore comptant dans ma tête jusqu'à trois, avant de me lancer. Je me plante devant eux. Intérieurement j'en menais pas large, à deux doigts d’être submergé par le trac...
D'une raideur quasi militaire, avec un air très solennel , saluant en touchant du coin la visière de ma casquette,
je lance un -"Bonjour Messieurs, Contrôleur du Bonheur, j'peux voir vos sourires s'il vous plait !".
Deux
d'entre eux me répondent par un sourire franc et large, mais quant au troisième
il me tourne le dos puisqu'ils s'engageaient déjà dans un des couloirs du
métro. En gros, je n'étais pas complètement satisfait de ma prestation, mais
non plus mécontent du résultat. C'était tout de même un premier contrôle du
genre pour moi.
D'ailleurs par la suite j'ai renouvelé l'expérience : RER direction Gare du Nord, une fois n'est pas coutume ... Station Châtelet les Halles, trois policiers l’air sobre dans leurs uniformes montent dans la rame sans que je le remarque. J'ai déjà engagé mon discours, trop tard pour reculer et pas question de m'arrêter. Alors qu'ils se trouvent tout au bout du wagon, à la hauteur du sas qui permet d'accéder à l'autre compartiment, cette fois-ci c’est avec assurance que je m’avance vers eux.
No problem ! Toujours aussi solennel, je salue avec les mêmes usages -« Bonjour Messieurs ! ». Pensant qu’ils gênent le passage du sas, l’un d’entre eux me répond –« Vous voulez passez ? » Et moi de lui répondre « Non, non, je suis Contrôleur du Bonheur et j’aimerai voir vos sourires, s’il vous plait ! ».
Spontanément les trois, comme d’un seul homme, me montrent un sourire-banane.
Bon esprit, c’est suivi d’un rire bon-enfant.
Derrière eux, assis sur les banquettes, il y deux types. Deux « civils » que j’invite également à présenter leur sourire, en stipulant que je ne m’appelle pas « gouvernement »… et donc pas de « passe-droit » !!! Ceux-ci aussi se prêtent au jeu.
Mais quel ne fut pas ma surprise de voir, une fois arrivé gare de Nord, l’un des deux repartir avec mes trois flics tout sourire devant ! Une main sur l’épaule … visiblement une interpellation faite dans le calme, avec tact et modération, puisqu’ils n’ont pas jugé bon de passer les menottes au gars.
J’apprenais un peu plus tard qu’il s’agissait d’un jeune pris avec une petite boulette de hash oubliée au fond de la poche.
Pas de quoi, en effet, en faire un ennemi public !
J’avoue avoir tenté la récidive avec les militaires patrouillant dans la gare (toujours celle du Nord) pour le plan « vigipirate ». Visiblement ces derniers n’ont aucun sens de l’humour, c’est tout juste si je ne me prends pas un coup de tatane dans la tronche, accompagné d’un « Vous croyez que l’on est là pour se marrer ?!!! ». Je m’en doute, mais pourquoi ne pas se dérouiller un peu les zygomatiques quand on peut !
Heureusement qu’il y a plus sympa, et plus « poésie urbaine » dans mes anecdotes : Par exemple je me rappelle de ce gamin.
Un super petit métis, beau comme la vie, haut comme trois pommes. Il avait cinq ans et adorait sa maman.
Lorsque je lui demandai quel nom pourrait-il donner au sourire de sa maman, il répondit –« Maman a le sourire de Reine ». Normal, lorsqu’on est la maman d’un sourire de « Petit Prince ». Génial ce gosse, il m’avait affublé du surnom de « sourire-soleil ». Deux petits yeux noirs brillant d’impatience, et une frimousse pétillante trahissaient sa soif de curiosité.
Il posait sans cesse des questions, comme celle-ci, ô combien existentialiste : –« C’est quoi le bonheur ? » Et de lui répondre à mon tour –« Heu ! Par exemple le bonheur, c’est ce que ta maman a senti le jour de ta naissance … C’est quant elle te voit avec ton p’tit sourire, tous les jours !
Aussi lorsque tu es très content parce que tu as reçu un jouet que tu attendais … »
Il n’y avait guère foule dans cette rame du RER B, direction aéroport. Quelques rangées derrière, était assise une femme seule : bien marquée par une bonne cinquante d' années au tableau de l’existence, avec un look et regard sévère à priori avec ses lunettes carrées posées sur le bout du nez.
Je dis bien « à priori », car au fur et à mesure de ma discussion avec le petit Maxime (c’était son prénom) elle se déridait, pour finir par vraiment sourire ! D’ailleurs j’allais l’aborder à un moment donné, sur son invitation –« C’est bien ce que vous faites, surtout lorsque vous prenez le temps de répondre ainsi à un petit garçon. Puis moi, ça me change de mon lieu de travail quotidien assez morne, faut dire »… Elle m’apprend que son lieu de travail en question est la maison d’arrêt de Fresnes. Oui, cette dame officie à titre d’infirmière, dans cette prison ! Elle s’occupe en majeure partie de toxicomanes … Bonjour l’ambiance du quotidien !!!
À l’époque, j’introduisais dans mon discours qu’il s’agit d’une « aventure humaine extraordinaire » d’être un CdB, rapport aux réactions suscités, sourires larges ou cas de bougonneries … mon sourire de « P’tit Prince » en profita pour me poser sa deuxième question existentielle : -« C’est quoi l’aventure, dis ?! ».
Comment répondre à cela, sachant que c’est un petit bonhomme âgé de cinq ans qui vous pose cette question ?!
Finalement, idem pour la vie courante,
il suffit de rester soi-même … et de se mettre à sa hauteur, sans le prendre pour un « gogol » alors je ne pus avoir d’autres réponses que : –« Imagine que tu rentres dans un parc pour la première fois, et là il y a des petits bois, des bosquets et un grand arbre. Tu as envie d’aller voir derrière ce qui se passe, pour découvrir de nouvelles choses. Ben, tu vois, c’est ça l’aventure ! »
Bon, je crois que nous allons rester sur le mot « AVENTURE » pour la fin de cet épisode.
Rendez-vous très vite pour d’autres. J’espère également obtenir de nombreuse réactions de vôtre part, chers adeptes du réel « savoir vivre » ???
Tout comme j’espère que vous donnerez peut-être suite à ma demande sur facebook (contrôleur du bonheur ) ???
BON « SOURIRE-AVENIR », AVEC PLEIN DE « PLUIE DE P’TITS BONHEURS » POUR CETTE NOUVELLE ANNÉE 2010 SE PROFILANT À L’HORIZON, POUR VOUS TOUS.
VOTRE SERVITEUR SOURIANT